C’est indéniable : la réforme des retraites continue d’être réprouvée par une majorité de Français qui pensent qu’elle ne fait que des perdants. Elle n’a pas calmé leurs nombreuses inquiétudes, et ils sont persuadés que d’autres réformes suivront.

Cependant, malgré cette impopularité réelle, des évolutions apparaissent, mises en relief par les résultats de nos précédents baromètres Odoxa.

Depuis la promulgation de la réforme, il y a un an et demi, une forme de résignation ou d’acceptation semble s’être installée : l’âge de départ à 64 ans est entré dans les consciences, le pessimisme sur la pérennité de notre système a reculé et les comportements d’épargne ont évolué.

Depuis 3 ans, notre baromètre Odoxa mesure la perception que les Français ont de leur retraite. En 2021 et 2022, avant le débat et la contestation autour de la réforme, ils y pensaient déjà beaucoup, étaient inquiets, accumulaient de l’épargne de précaution. Leur confiance dans notre système était faible et ils se sentaient mal informés. Pas fermés à une réforme, surtout si elle permettait de corriger les inégalités entre hommes et femmes, ils montraient déjà une forte opposition à l’augmentation de l’âge légal de départ. 62 ans était le moment où ils anticipaient de s’arrêter.  

Après la promulgation de la réforme, en avril 2023, le constat était clair : cette réforme ne « passait pas ». Les Français la trouvaient injuste, notamment pour les femmes, et ils avaient une vision encore moins claire de leur future retraite. Et pourtant, déjà, une sorte de résignation s’installait. Leur pronostic d’âge de départ passait à 63 ans. Et ils s’adaptaient : leur épargne augmentait encore et commençait de plus en plus tôt, ils multipliaient les simulations pour s’organiser au mieux.

Et aujourd’hui, un an et demi après la promulgation de la réforme ?

Certaines perceptions négatives sont immuables…

La réforme reste impopulaire : plus de la moitié des Français (57%) y sont opposés. 63% si on se focalise sur les premiers concernés, les non-retraités.

Cette réforme ne fait que des perdants : c’est ce que ressentent d’abord les 50-64 ans, qui s’estiment « au pied du mur » (70%) en étant prévenus trop tard. Les jeunes aussi trouvent qu’ils sont perdants à 58% (seuls 16% se sentent gagnants) ; tout comme les catégories populaires (54%), les femmes (52%) et les personnes ayant commencé à travailler tard (63%).

La réforme ne calme pas leurs inquiétudes : 7 non-retraités sur 10 ont une vision moins claire de ce que sera leur future retraite. 63% des Français ne pensent pas que les caisses leur verseront, le moment venu, une pension à la hauteur de leurs attentes. Dans les mêmes proportions (65%), ils estiment que la réforme ne renforcera pas la pérennité financière de notre système. D’ailleurs, ils sont quasi unanimes (82%) sur le fait que d’autres réformes suivront, qui repousseront encore l’âge de départ.

… mais des évolutions sont notables

L’acceptation de la réforme progresse. Il s’agit peut-être autant de résignation que d’acceptation, mais on constate une amélioration de 9 points depuis 2022 : 42% des Français sont aujourd’hui favorables à cette réforme.

Le nouvel âge de départ est entré dans les consciences. Les Français pensent pouvoir partir à la retraite à 64 ans (en médiane comme en moyenne). En 2022, l’âge médian pronostiqué était de 62 ans ; en 2023, de 63 ans. Ils sont même à présent 43% à prévoir de s’arrêter après 65 ans. C’est 9 points de plus que l’an dernier.

Le pessimisme sur la pérennité de notre système de retraite recule : 53% des Français disent désormais avoir confiance. C’est une progression de 6 points par rapport à 2023.

L’épargne évolue et augmente. La réforme a incité un tiers des Français (33%) à épargner alors qu’ils ne le faisaient pas (20%) ou à modifier leurs anciens placements pour la retraite (13%).

Les montants consacrés à la préparation financière de leur retraite sont aussi en hausse : ils atteignent 255 € par mois. Soit +21 € en un an et +45 € en six ans. La mise en place de la réforme a accéléré une tendance amorcée depuis longtemps : la progression depuis un an (+21 €) est comparable à celle enregistrée en 5 ans, entre 2018 et 2023 (+24 €).