Sondage Odoxa pour Groupama : un an après la contestation contre la réforme des retraites, les Français y voient moins clair et épargnent plus
Un an après le mouvement de contestation contre la réforme des retraites et quelques mois après sa promulgation, dans quel état d’esprit se trouvent les Français ? Les enseignements de la 3e vague de notre baromètre Odoxa sont clairs, tant en termes de perception que de préparation de la retraite : les Français se disent toujours aussi opposés au report de l’âge légal, ont encore moins confiance qu’avant dans le système français et se sentent moins bien informés. D’où un recours accru à l’épargne, un décollage des simulations retraite et une forte demande d’accompagnement par leur entreprise.
La réforme ne passe pas
C’est peu de le dire : seules 30% des personnes non retraitées y sont favorables. A l’échelle de la population globale, 7 Français sur 10 affirment même avoir une vision moins claire de leur future retraite depuis la promulgation de la réforme. Et ce qui vaut pour eux-mêmes vaut pour le système, qu’ils sont 2 sur 3 à juger plus complexe qu’avant.
Le jugement négatif se retrouve sur le terrain de l’égalité : 63% des Français trouvent que cette réforme désavantage les femmes. Pour réduire les inégalités hommes/femmes à la retraite, ils sont favorables à des mesures spécifiques : points de retraite complémentaires en cas d’interruption de travail liée à l’éducation des enfants ou au rôle d’aidant (82%), transfert de droits entre conjoints (77%), création d’un PER interruption de carrière (76%).
Il est enfin intéressant de noter que les Français plébiscitent des mesures contenues dans le projet de réforme de 2019, que l’on parle de suppression des régimes spéciaux (70% y sont favorables), du maintien d’un âge de départ à 62 ans en instaurant un âge d’équilibre de 64 ans (64%) ou de la mise en place d’un système par points et non par trimestres (58%).
La défiance s’accentue
Le fait d’avoir débattu ou entendu débattre de la réforme pendant des mois ne semble pas avoir éclairci les idées des Français. Les non-retraités sont à peine 39% aujourd’hui à avoir confiance dans notre système de retraite, contre 42% quand on les interrogeait en 2022. Ils ne se sentent pas bien informés des démarches à effectuer (61%) et ne pensent pas que les caisses de retraite leur verseront une pension à la hauteur de leurs attentes (65%).
La résignation s’installe
Quand on leur parle d’âge de départ à la retraite, on note une différence entre ce que souhaitent les Français et ce qu’ils pronostiquent. Comme en 2022, ils souhaitent partir à 62 ans. Avec, dans le détail, déjà un peu de résignation : ils sont 41% à vouloir partir à 60 ans ou avant, contre 45% l’an dernier. Et 40% à vouloir partir entre 61 et 64 ans, contre 34%.
Mais c’est encore plus manifeste quand on leur demande un pronostic : les Français pensent désormais qu’ils prendront leur retraite à 63 ans (en médiane). L’an dernier, ils répondaient un an de moins… et surtout, 1/3 d’entre eux prévoient de partir après 65 ans, alors qu’ils étaient moins de 1/5 en 2022.
Le pragmatisme prévaut
Face à cette nouvelle donne, les Français s’adaptent, tout d’abord (et comme souvent) en mettant davantage de côté : la réforme incite près de 70% d’entre eux à épargner. Pour améliorer leurs revenus à la retraite, les non-retraités préfèrent d’ailleurs largement économiser plus (59%, en augmentation de 7 points par rapport à 2022) que travailler plus.
D’ailleurs, si l’on observe les non-retraités : ils sont 62% à avoir commencé à préparer financièrement leur retraite, soit 4 points de plus qu’il y a un an ; via l’épargne sur livret (30%), l’assurance-vie (22%), l’épargne salariale (12%) ou l’achat de la résidence principale (27%).
Ils y consacrent des sommes importantes : en moyenne 234 € par mois. Là aussi en augmentation par rapport à 2022 (+ 12 €). Et pour plus de la moitié d’entre eux, cette préparation financière a débuté très tôt : avant 30 ans.
Les Français préparent donc leur retraite de plus en plus tôt et en y consacrant de plus en plus d’argent. Mais leur anticipation se remarque également par l’augmentation des simulations : 56% des salariés en ont déjà effectué une pour savoir à quel âge ils pourront partir. C’est 6 points de plus qu’en 2022 et 14 points de plus si l’on étudie les 35-49 ans.
Enfin, pour les accompagner au mieux sur ce sujet anxiogène, les Français pensent très largement (86%) que les entreprises ont un rôle à jouer en matière d’information.
« Malgré la réforme, la vision que les Français ont de leur future retraite s’est encore dégradée. Tout leur semble moins clair et plus injuste, notamment les inégalités subies par les femmes. Dans ce contexte, le devoir de conseil et d’accompagnement des assureurs comme des entreprises devient indispensable. »
Jean-François Garin, directeur général adjoint du Groupe Groupama, en charge des activités Vie
Baromètre « Les Français et la retraite », vague 3, réalisé par l’institut Odoxa pour Groupama, auprès d’un échantillon de 4 020 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus (sexe, âge, niveau de diplôme, profession, région). Ils ont été interrogés par Internet du 21 juin au 13 juillet 2023.