Sondage Odoxa pour Groupama : Réforme des retraites, que veulent et ne veulent plus les Français ?

5 novembre 2025

Depuis quatre ans, notre baromètre Odoxa nous permet de suivre les attentes comme les inquiétudes des Français sur le sujet des retraites : sur la leur, tout d’abord, mais aussi sur la pertinence de notre système et sur les réformes proposées. Un mélange de problématiques qui génèrent des réactions passionnées et des inquiétudes légitimes. Peu de temps après la suspension de la réforme Borne, notre baromètre apporte donc un éclairage objectif à un débat de société.


Messages clés 

  • Les Français ont toujours rejeté la réforme Borne de 2023. Pour autant, leur perception de la retraite et sa préparation ont évolué de façon spectaculaire depuis.
  • Ils savent que d’autres réformes seront nécessaires. Mais, pour pérenniser le système, ils préconisent d’introduire de la capitalisation et d’augmenter la durée de cotisation plutôt que de repousser l’âge de départ.
  • Pour améliorer les revenus dont ils disposeront à la retraite, ils préfèrent épargner plus que travailler plus.

 

Pourquoi rejettent-ils autant la réforme Borne de 2023 ?

Dès notre baromètre de 2022, les Français s’exprimaient nettement contre un report de l’âge légal : un départ éventuel à 64 ou 65 ans était inenvisageable pour les 2/3 d’entre eux. Ils pensaient partir à 62 ans, pas plus tard. Une fois la réforme promulguée, seuls 30% des non-retraités la soutenaient. Et depuis deux ans, cette impopularité ne s’est jamais démentie. 

Dans leur grande majorité, les Français estiment qu’elle est injuste et ne fait que des perdants : les quinquas, les jeunes, les femmes, les catégories populaires, les personnes ayant commencé à travailler tard… 

De plus, elle ne les a pas aidés à y voir plus clair dans un système jugé complexe : la grande majorité des non-retraités ont ainsi une vision moins claire de ce que sera leur future retraite et pensent que la réforme n’aura pas d’effet sur la pérennité financière du système. 

Cette impopularité s’est encore accentuée cette année : les Français la rejettent à 60%, les non-retraités à 67%. Dans les deux cas, c’est 3 points de plus qu’en 2024. Sans surprise, réinterrogés en octobre dernier, ils se disent satisfaits à 61% de sa suspension.

 

Comment les Français ont-ils évolué depuis la réforme ?

Bien que détestée, la réforme Borne a modifié la perception que les Français ont de leur future retraite, ainsi que sa préparation. Ces évolutions ont pu se faire par crainte, par dépit, par résignation, mais elles sont assez inédites et rapides pour être soulignées. 

Notre baromètre 2025 nous apprend ainsi que la moitié des non-retraités ont commencé à préparer leur retraite (financièrement, administrativement…), parmi lesquels une proportion importante de jeunes de 25-34 ans (44%). Dans les faits, plus de la moitié des non-retraités ont déjà mis en place un financement : une épargne individuelle (15%, 2 points de plus qu’il y a un an), une épargne salariale (13%, 2 points de plus) ou une épargne retraite professionnelle (10%, soit un doublement en un an). Là encore, l’attitude des jeunes interpelle : plus de la moitié des personnes ayant commencé à épargner l’ont fait avant 30 ans.

Surtout, les montants que tous ces non-retraités y consacrent ont explosé, pour atteindre 260 euros par mois en moyenne. C’est 25% de plus qu’il y a sept ans. 

Mais le plus inattendu reste la résignation des Français à un départ à la retraite à 64 ans : c’est désormais l’âge auquel ils prévoient de partir. Parmi les non-retraités, ceux qui pensent qu’ils devront s’arrêter après 65 ans sont même en nette augmentation : 46%, soit 12 points de plus qu’en 2023.

 

Et maintenant, quelles mesures préconisent-ils ?

Les Français ne se font pas d’illusions et n’ont jamais été fermés à une réforme. Les 3/4 d’entre eux ne pensent pas qu’il soit possible de « ne rien faire ».

Pour garantir la pérennité du système, ils préconisent prioritairement d’y introduire une dose de capitalisation (35%). Puis d’augmenter les cotisations retraite payées par les salariés et les entreprises (17%), mais aussi l’âge légal de départ ou la durée de cotisation (17%). A noter que seuls 4% se prononcent pour une baisse des pensions des retraités. 

Majoritairement (57%), les Français sont demandeurs d’un système qui mélange répartition et capitalisation. Pour la première fois, ceux qui disent préférer la capitalisation sont même plus nombreux (22% vs 20%). C’est un retournement : il y a un an, la répartition était encore largement en tête. 

Et s’il fallait vraiment travailler plus longtemps, l’augmentation de la durée de cotisation serait largement préférée à un report de l’âge légal de départ (68% contre 30%). 

Pour améliorer leurs revenus une fois à la retraite, les non-retraités préféreraient épargner plus (59%) à titre individuel ou collectif, que travailler plus (51%). C’est une première : l’an dernier, ils étaient plus nombreux à souhaiter travailler plus (61%). 

D’ailleurs, 9 Français sur 10 pensent qu’il est utile de se constituer une épargne retraite individuelle en plus de sa pension pour disposer d’un niveau de pension suffisant. Et ils accordent une confiance inédite aux entreprises pour les y aider : 8 Français sur 10 pensent qu’elles ont un rôle informatif et financier à jouer auprès de leurs salariés. 

 

Baromètre « Les Français et la retraite », vague 5, réalisé par l’institut Odoxa pour Groupama, auprès d’un échantillon de plus de 5 000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus (sexe, âge et profession de l’interviewé après stratification par région et catégorie d’agglomération). Ils ont été interrogés par Internet du 27 août au 18 septembre 2025 pour la première enquête, et les 21 et 22 octobre 20025 pour l’enquête express destinée à mesurer l’impact de la suspension de la réforme des retraites.
 

Contact presse Groupama et Gan

Fichiers attachés